Ça plane pour moi

21H00 : La famille et quelques invités nous accompagnent à l’aéroport, on m’embrasse, on me souhaite bon voyage, je ne sais pas encore où je pars, je me suis mariée hier, ma vie est merveilleuse.

21H15 : Enregistrement les yeux bandés (oui, j’ai épousé Frédéric Lopez…)

22H00 : Je découvre ma destination : la Réunion. J’ai un immense sourire, le rose aux joues, des fleurs encore dans les cheveux, le cerveau noyé d’endorphines… Tout le monde me trouve bien mignonne (et bien crucruche aussi j’imagine, mais bon). J’en oublierais presque que j’ai très peur en avion.

22H30 : On embarque, main dans la main, je décide de ne pas prendre le Xanax® prévu afin de rester en pleine possession de mes moyens en cas de crash aérien.

22H41 : Savez-vous que personne n’écoute les consignes de sécurité ? Tout le monde me remerciera quand il s’agira de gonfler les canots et d’allumer la loupiote du gilet de sauvetage au moment de l’amerrissage d’urgence.

22H45 : Je pose beaucoup de questions à l’hôtesse sur les modalités exactes de gonflement des canots de sauvetage.

22H46 : L’hôtesse me demande sèchement de remettre le gilet à sa place sous le siège. Je m’exécute à contrecœur.

22H47 : Mon mari me demande tendrement si je suis certaine de ne pas vouloir prendre mon Xanax®, je lui rétorque qu’il sera bien content quand la cabine se dépressurisera de pouvoir compter sur moi pour lui mettre son masque à oxygène (après le mien, comme elle a dit la dame).

23H00 : On décolle, je vais mourir.

23H02 : Mon mari me fait remarquer que répéter en boucle  « Je vais mourir, je vais mourir… » est légèrement exagéré, de toute façon improductif et par ailleurs quelque peu anxiogène pour les autres passagers.

23H03 : Il ne me comprend pas, ce mariage est une erreur.

23H05 : Bon, on n’est pas -encore- mort.

00H02 : Le repas est fini, les lumières s’éteignent, l’angoisse m’étreint, je renonce malgré tout au projet de prendre un Stilnox®, rapport à une sombre histoire de copine qui suite à la prise d’un Silnox® dans un avion se serait malencontreusement retrouvée en train de rouler des pelles à un sosie de DSK® juste à côté des toilettes business. C’est niet : je ne roulerai pas de pelles à un inconnu le lendemain de mon mariage, même s’il s’agit du sosie de DSK® ! Je ne suis pas peu fière de ma première décision de femme mariée.

00H13 : « L’état de santé d’un de nos passagers nécessite un avis médical urgent… » Regard à droite : personne ne bouge. Regard à gauche : le hublot. Regard derrière : toujours personne !

00H14 : « L’état de santé d’un de nos passagers nécessite… » visiblement MON avis médical urgent ! Je me lève, je vois la fierté dans les yeux de mon mari derrière son masque de sommeil…

00H15 : … et l’effroi dans les yeux de l’hôtesse à qui j’ai posé des questions pourtant pertinentes sur les canots de sauvetage…

00H16 : … ainsi que dans les yeux de l’ensemble des passagers qui ont entendu mes lamentations apocalyptiques au décollage.

00H17 : On m’amène à la chef de cabine qui, pour une raison que j’ignore, ne semble pas trouver crédible que je sois médecin.

00H18 : D’ailleurs en y réfléchissant bien, je ne suis pas sûre non plus de trouver ça crédible.

00H19 : Allons, je suis quand même interne de deuxième semestre. J’ai fait six mois de médecine interne et déjà deux mois de néphrologie. Autant vous dire que si l’urgence a un lupus ou même un Wegener, je vais immédiatement faire le diagnostic (et t’auras l’air bien conne Mme la chef de cabine !)
Et puis, le concours de l’internat n’est pas bien loin, en me concentrant je dois encore être capable de réciter les 38 causes de diarrhées chroniques en les classant en fonction des résultats du fécalogramme.

00H20 : En fait ça m’étonnerait qu’on m’appelle pour une diarrhée chronique et qu’on ait déjà les résultats du fécalogramme.

00H21 : J’essaye de me souvenir PRÉCISÉMENT de la technique de trachéotomie au stylo bille de Doug Ross.

00H22 : Bon, ben l’urgence n’était pas si urgente puisqu’avant de faire ma trachéotomie il faut que je donne ma carte professionnelle à Mme la chef de cabine. Je lui explique que je n’ai pas de carte professionnelle, parce que je suis interne, non et pas non plus de numéro d’inscription à l’ordre…

00H23 : Je lui explique en détail le schéma du cursus médical.

00H24 : Elle note le numéro de ma carte d’étudiant d’un air dubitatif.

00H25 : Ohhh ça va hein ! OK, ça pourrait être mieux, je pourrais être réanimatrice genre ! Mais ça pourrait aussi être pire hein, je pourrais être, je sais pas moi, dermatologue (oh, wait…)

00H26 : On me conduit enfin au malade, allongé par terre, devant les issues de secours, à côté de la 1ère classe.

00H27 : Premier bilan : il voyage seul, et il a pas l’air bien. Il a mal au ventre, en fait il se tord de douleur. Il est aussi en plein délire mystique (ou alors il parle vraiment à Dieu, je n’ai pas d’avis sur la question, quoi qu’il en soit ce n’est pas très bon signe) et il expérimente visiblement une sensation de mort imminente (QU’EST-CE QUE JE DISAIS !)

00H28 : Il me revient en mémoire que les deux derniers patients que j’ai vus avec une sensation de mort imminente sont effectivement morts de manière imminente. Bon, bon… J’en fais part à la chef de cabine.

00H29 : Ohhh ça va, oui, je sais ! Oui je… OK, c’est moi qui criais « Je vais mourir, je vais mourir » au décollage mais c’était pas pareil !

00H30 : Début de négociations tendues avec la chef de cabine pour qu’on me déplombe la trousse d’urgence.

00H35 : Déplombage de la trousse d’urgence (nous avons des définitions assez différentes de « l’imminence » avec la chef de cabine…) après menace de m’en retourner à mon voyage de noces et signature de tas de papiers avec mon nom, mon adresse, tout ça.

00H36 : Moment de solitude intense au vu du contenu de la trousse d’urgence. Pour info, sachez que par exemple, il y a 40mg de Lasilix® (pour traiter un bébé-OAP donc, ou peut-être pour les jambes lourdes après un long voyage, allez savoir…)

00H37: La vue de l’ampoule de Syntocinon® me remonte le moral : ça pourrait être pire, ça pourrait être un accouchement suivi d’une hémorragie de la délivrance… Bref :

00H38 : « Monsieur je suis le médecin, je vais essayer de vous aider. Pouvez-vous me décrire précisement… OK, OK, criez pas, très mal au ventre OK, Dieu, la mort, la mort, la volonté de Dieu… OK OK… Heuuhhh STOP ! C’est moi  qui pose les questions ! »

00H39 : Je prends en note le testament de Monsieur SensationDeMortImminente.

00H53 : Il a une grande famille.

00H55 : Il a une très grande famille mais il doit y avoir des membres plus sympas que d’autres, rapport au testament qui a l’air moyen équitable mais bon, je ne suis pas notaire hein…

00H56 : Début de l’interrogatoire en bonne et due forme : très mal au ventre, sensation de mort imminente, délire mystique (jusque là, on est bon) et… euh… ben et c’est tout, je n’en tirerai rien de plus.

00H57 : Début de l’examen clinique avec le tensiomètre et le stéthoscope de Barbie pédiatre.

00H58 : Matos de merde, bruit des réacteurs, pressurisation défectueuse de mes tympans, psalmodies mystiques, nul ne le saura jamais mais je n’ai absolument RIEN entendu. On se contentera donc d’une systolique au pouls plutôt élevée et d’un pouls qui a le mérite d’être présent quoi… bien, bien.

01H04 : Je viens de poser le diagnostic de colique néphrétique sur les arguments suivants :
……1) ça y ressemble,
……2) j’ai pas d’autre idée.

01H05 : Enfin si j’ai une autre idée : c’est la dissection de l’aorte abdominale, mais je préfère ne pas trop y penser. « Ca va aller, M’sieur ! » (clin d’œil, sourire en coin, pouce en l’air)

01H06 : Je vais donc confirmer mon diagnostic de colique néphrétique par une BU, un ASP, une écho…  C’est très sous-équipé en fait un avion (bonjour l’obligation de moyens !)

01H07 : Moi devant la trousse de secours, avec la tête d’un candidat de Masterchef quand il apprend qu’il doit cuisiner un dîner gastronomique avec trois radis et un reste de moussaka.

01H08 : Hop, hop, hop : ce sera donc une IM de Voltarene®, une sous-cut de morphine, deux Spasfon® et un Xanax® (les deux derniers médicaments ayant été gracieusement offerts au passager en détresse par l’auteure dont le sac à main permet de faire face à beaucoup de situations).

01H10 : Je tente de faire taire la voix intérieure qui me susurre que de la morphine et des AINS sur un tableau abdominal pas clair c’est pas très Evidence-Based Medicine.

01H12 : La seringue à la main : quadrant supéro-externe, quadrant inféro-externe (ou bien quadrant supéro-interne, ou quadrant…) C’est fou comme la solitude l’altitude fait oublier l’anatomie…

01H59 : La douleur s’est calmée un peu, le monsieur aussi…

02H06 : Mon mari interrompt son visionnage  des «  Visiteurs en Amérique » pour venir aux nouvelles.

02H11 : Mon mari interrompt l’écoute empathique de ma logorrhée anxieuse pour retourner voir les  « Visiteurs en Amérique » : « Tu a l’air de t’en sortir très bien, chérie ! » (clin d’œil, sourire en coin, pouce en l’air)

03H44 : Le monsieur somnole en geignant… moi aussi, c’est l’éclate !

04H05 : Je retourne cinq minutes à mon siège, mon mari est au milieu du deuxième visionnage des « Visiteurs en Amérique », je décide de ne pas le juger.

04H22 : Mme la chef de cabine m’informe d’un air affecté que le commandant de bord souhaite me parler.

04H26 : Je m’efforce d’adopter une allure à la fois assurée et professionnelle pour pénétrer dans le cockpit.

04H27 : C’est la première fois que je vais dans un cockpit, c’est impressionnant tous ces boutons qui clign… « On a une décision à prendre » me matraque le commandant de bord.

04H28 : Il me montre une carte de la région. Nous sommes au-dessus de l’Afrique. Bientôt, nous survolerons l’Océan Indien pour deux heures sans possibilité de nous poser. Deux possibilités :
……1) se dérouter sur Mogadiscio pour débarquer le passager malade,
……2) le garder à bord, en vie si possible, jusqu’à la Réunion avec transfert au CHU à l’arrivée.

04H29 : …

04H30 : Je comprends soudainement que là, en fait, c’est moi qui décide. Le commandant de bord attend MES instructions. C’est MOI qui pilote cet avion (bordel !)

04H32 : J’ai l’impression d’être dans « Question pour un champion ». Top : Je suis une interne de deuxième semestre, en charge d’un patient souffrant de peut-être une colique néphrétique ou alors de peut-être une dissection aortique, je me trouve actuellement  dans un avion au-dessus de l’Afrique. Je dois décider du déroutage éventuel de l’avion vers la Somalie. Je suis, Je suis ??? Dans la merde.

04H35 : Julien Lepers a.k.a. le commandant me presse de lui répondre. Je suis blême, j’ai chaud. Je repense avec regret à ce Xanax® du décollage…

04H36 : Je suis partagée entre l’envie égoïste de me débarrasser du problème au plus vite et la conscience altruiste que débarquer un mec malade tout seul en Somalie et repartir dans mon avion aller boire des Piña Coladas alors qu’on était à trois heures de route d’un CHU français, c’est moyen sympa ! (j’ai rien contre la médecine somalienne, notez bien, mais j’imaginais le rapatriement ultérieur bien plus compliqué…)

04H37 : Altruiste, je suis une fille altruiste !

04H39 : Terminée la ballade dans le cockpit, le commandant demande à la fille super altruiste d’assumer ses responsabilités et de retourner s’occuper de Mr SensationDeMortImminente qui s’est entre-temps remis à crier. Regard noir de la chef de cabine : « Parfait, vous le gèrerez jusqu’à l’atterrissage… » Ambiance…

04H40 : « Pétasse va  ! » (dit dans ma tête, mais très fort)

04H42 : Début de deux heures parmi les plus longues de ma vie, au cours desquelles l’avion va traverser une énorme zone de turbulences, mon passager malade une énorme zone de vomissements et moi une énorme zone de désespoir en constatant qu’une jambe pour bloquer le monsieur en PLS, un bras pour tenir sa tête, un autre pour le sac à vomi, ça laisse peu de membres pour se tenir quand l’avion fait des bonds.

06H42 : Un petit tour par les toilettes pour jeter les pâquerettes désormais pleines de vomi de mon chignon en décrépitude.

06H48 : Un petit tour par mon siège pour réveiller mon mari, qui me demande des nouvelles, qui est là, qui me soutient (c’est quand même un lien très fort, le mariage !)

06H49 : Je lui explique ma théorie selon laquelle quand t’as peur d’un truc (genre un avion avec des turbulences) et qu’en même temps t’as un truc qui te fait encore plus peur (genre un mec avec une sensation de mort imminente), et ben t’oublies le truc qui te faisait…

06H50 : Il s’est rendormi.

06H51 : « Pour le meilleur et pour le pire ». Cette phrase résonne dans ma tête tandis que je m’en vais retrouver cette position chère à mon cœur depuis maintenant six heures : moitié à quatre pattes, moitié en tailleur, moitié accroupie sur le sol du couloir (ça aurait été tellement mieux dans une chambre d’hôtel…) à côté de monsieur malade qui a de plus en plus une sale gueule (et qui est en passe de gagner le petit concours de sale gueule qu’on fait lui et moi).

06H54 : Les hôtesses m’enjambent avec des corbeilles de fruits et de viennoiseries, c’est le petit-déj des 1ère classe. Je me souviens subitement que je n’ai rien bu ni mangé depuis… pfiouuu. Je demande un truc à boire.

06H55 : On me signifie qu’il faut que je « regagne mon siège si je souhaite un petit déjeuner » (true story !)

06H56 : J’ai subitement très envie de pleurer ou alors de dire des choses extrêmement vulgaires à tout cet équipage de m…

06H57 : Je pourrais aussi très facilement leur faire des low-kick balayettes dans la position où je me trouve.

06H58 : Je reste altruiste et digne, même avec du vomi dans les cheveux . Tellement moi !

07H39 : Atterrissage, les portes s’ouvrent, une équipe du SAMU pénètre dans l’avion. Je leur saute au cou fais des transmissions extrêmement professionnelles.

07H40 : Début d’un black-out total au cours duquel il semblerait néanmoins que j’ai récupéré mes bagages et pris un taxi jusqu’à l’hôtel.

09H00 : Forte d’une bonne nuit de sommeil de 25 minutes dans le taxi, arrivée à l’hôtel : colliers de fleurs, pluie de pétales de roses… Je crois que je n’ai jamais été aussi extérieure à ma vie.

09H06 : Le mec de la réception nous propose un cocktail de bienvenue dans le salon Valérie Bègue suivi d’une petite conférence d’informa…

09H07 : « Ta gueule » « Non merci monsieur, c’est très aimable à vous mais vraiment je souhaiterais avoir les clés de la chambre le plus vite possible. »

09H10 : Clin d’œil graveleux et complice du réceptionniste à mon mari : « Je vois, je vois… Lune de Miel… jeunes mariés, je sais ce que c’est ! »

65 réflexions sur “Ça plane pour moi

  1. Pingback: Ca plane pour elle (« un médecin à bord, svp ?… ») | Zepyaf.com

  2. Pingback: Mais c’est Noël!!!! | Journal de bord d'une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis

  3. incroyable et désolée d’avoir ri, parce que ça ne devait pas être si drôle sur place… au moins à retenir : « j’ai plus peur en avion car je peux être indispensable » « j’ai plus peur en avion car je peux être indispensable » « j’ai plus peur en avion car je peux être indispensable » « j’ai plus peur en avion car je peux être indispensable » … allez on répète après moi …. ;-)

  4. tous mes vœux de bonheur .
    Merci pour votre altruisme , d autres confrères ne se seraient sans doute pas manifestes.
    incompréhensible l attitude des hôtesses
    Comment se fait il que il n y ait pas de normes sur le contenu de la trousse d urgence ?
    bon retour parmi nous

  5. Merci pour ce moment où j’ai ri à de nombreuses reprises.

    Cependant, je voudrais apporter quelques précisions qui me semblent importantes :
    1) le seul responsable à bord d’un avion est le commandant de bord
    2) il ne peux déléguer cette responsabilité à quiconque
    3) dans un problème médical , il fera tout pour faire porter la responsabilité sur un médecin présent à bord
    4) un médecin présent à bord n’est pas « en service » , il est passager . A ce titre il ne peut en aucun cas prendre la responsabilité du commandant de bord quand à la responsabilité du vol.
    5) l’obligation d’assistance à personne en danger est une loi française , elle ne s’applique pas dans tous les pays ( états unis par exemple)
    6) en pratique , le médecin doit être le conseiller du commandant de bord et c’est lui qui prend la décision ( importance des paroles prononcées)

    En conclusion, il faut savoir que les compagnies aériennes françaises utilisent la loi de non assistance à personne en danger . Elles savent que statistiquement , il y a sur 300 personnes , au moins un médecin dans l’avion .
    De ce fait elles « font des économies » sur la sécurité des passagers en « prenant en otage » les médecins avec leurs obligations déontologiques.
    Un médecin en vacances n’a pas à « travailler » . S’il le fait il serait normal qu’il soit indemnisé pour le travail effectué . L’avez vous été ? J’en doute .

    Amicalement

    • Ouh lala… Cassino..

      Quelle imprécision !
      Vous faites un procès bien étrange aux compagnies aériennes !

      Pour votre information, un courrier est systématiquement remis au médecin (en tout cas sur Air France) pour l’informer de la responsabilité dès qu’il prend en charge un client malade : la compagnie aérienne PREND TOUTE LA RESPONSABILITE dans ce cas. Ce courrier est un peu signé du Médecin Chef de la compagnie ;-)

      Pour le Commandant de Bord, c’est lui le chef de la mission et il délègue une partie de ses prérogatives en terme de sécurité/surêté au personnel de bord.

      Avec beaucoup d’humour, l’auteure nous narre la prise de « responsabilité » quant au fait de dérouter ou pas.
      Il est dommage que vous n’ayez pas saisi cet humour.
      Bien sur que c’est le Commandant qui décide, mais dans ce cas bien précis, il s’appuie sur l’expertise de notre voyageuse intrépide !

      Citez moi une compagnie aérienne qui embauche un médecin sur chaque vol ?
      Puisque vous estimez que les compagnies font des économies sur les passagers en prenant en otage des médecins.
      Non mais allôôôôôôô kwaaaa… t’es médecin et tu vas pas faire une RCP parceque tu pars en vacances !

      Le médecin n’est pas indemnisé.. normal, sinon il est payé et prend la responsabilité de ses actes.
      Air France offre des bons cadeaux, des miles pour « compenser » un peu le temps pris par celui (ou celle) qui aura été à l’oeuvre.
      Vous me direz, c’est la mindre des choses. Je suis d’accord, mais faire serait assimilé à une rétribution et donc une prise de responsabilité, qui je le répète, est entièrement supportée par la compagnie !

      Sinon, cette expérience était drôle à lire, et si vraiment vous avez peur de l’avion, confiez là à d’autres pro… notre compagnie nationale propose des stages « peut de l’avion » avec 95 % de réussite !
      Bon vent… bons vols !

      • Pour info, je n’ai eu aucun cadeau: Miles, surclassement ou autre. J’ai eu une lettre de remerciement du médecin chef (que j’ai gardée précieusement). Ca ne me choque pas de ne rien avoir eu. J’ai fait ce que je devais faire, de mon mieux, médecin ou pas on se doit de porter secours à son prochain.
        Mais j’avoue qu’on m’aurait proposé un jus de fruit, un croissant (ou une lingette rafraichissante), j’aurais trouvé ça smart…

    • Les hôtesses et steward sont formées (ex-Certificat Sécurité Sauvetage) à établir un diagnostic et prendre une décision de continuer, revenir ou détourner l’avion vers l’aéroport le plus proche. Ce n’est évidemment pas un diagnostic tel que le ferait un médecin ou une infirmière mais c’est sérieusement fait.

      Ce que je me demande c’est pourquoi la Somalie et pas Djibouti (il y a un hôpital militaire français) ? Je suppose que l’avion avait déjà dépassé la corne de l’Afrique ?

      Félicitations à l’auteure de ce billet et meilleurs voeux de bonheur (sans Xanax ^^)

      • « Ce que je me demande c’est pourquoi la Somalie et pas Djibouti »
        –> L’aéroport d’Ambouli (Djibouti) n’était peut-être pas accessible à ce moment-là ( pour raison météo, ou piste fermée, pour travaux, ou encore un avion en panne sur la piste, etc….).
        C’est le job du commandant de bord d’estimer les différentes possibilités de déroutement, en fonction de ces renseignements.

  6. en général lorsqu’un médecin se signale et apporte son expertise et sa pratique pendant un vol, l’équipage peut rédiger un rapport avec ses coordonnées afin qu’il/elle soit remercié/e par la compagnie sous forme de Miles (par exemple…) mais ce n’est pas une obligation…

  7. Tout simplement excellent!! Une histoire magnifiquement bien racontée!! Je me suis crue dans un avion en direction de la Réunion pendant quelques instants!!
    Merci pour ce billet!!!

  8. Dans le même genre, jour de grève Air France sur une navette Paris-Toulouse, ma femme, sage-femme claustrophobe, s’est retrouvée à devoir assister un début de travail dans un 747 à équipage australien (elle parle anglais comme une vache espagnole, alors l’anglais avec accent australien…) et à sortir en dernier avec la patiente vu qu’en fait entre temps il n’y avait plus d’urgence mais il fallait bien faire la transmission et forcément l’un avion gigantesque dans lequel on avait regroupé plusieurs « navettes » était assez plein…

    Et bien, objectivement, je suis bien content de ne pas avoir été avec elle ce jour là ;)

  9. Enorme. Pour le petit déjeuner, j’ose espérer que c’est une bête histoire de réglementation appliquée à la lettre, mais c’est quand même navrant. Je soupçonne la possibilité que les hôtesses t’en voulaient de n’avoir pas débarqué le problème. Ce qui n’est pas mieux.
    Merci pour lui, merci pour nous s’il nous arrive la même chose.
    Et merci pour la grosse rigolade et le stéthoscope de Barbie pédiatre (une bonne idée cadeau pour Noël!).

  10. Je gagne si je dis que c’est Air france? Il n’y a que là que l’on peut trouver du personnel de bord aussi nul et imbu de sa personne. Ce n’est pas 100% mais assez pour être la raison de ne pas voyager avec eux pour beaucoup de sociétés fortes consommatrices de longs courriers, comme la mienne. Et pour les moyens courriers, tous nos cadres préfèrent Easy Jet ou assimilés au sachet de peanuts jeté dans la figure par ces mémères qui se croient reines du monde.

    • Je suis PNC Air France et autant je présente toutes mes excuses pour le comportement minable de cet équipage, autant généraliser 14000 personnes et dire qu’elles sont imbues de leur personne….. On se demandera qui est le plus arrogant, à moins que ce ne soit de la jalousie…..
      Sinon le récit est très bien fait et encore une fois c’est vraiment malheureux d’être tombé sur cet équipage ; félicitations aux jeunes mariés

  11. GENIAL on s’y croirait!! Il manque une petite trachéo au stylo à bille et ça aurait été parfait :-)
    Bravo en tous cas d’avoir su gérer cette situation, c’est pas pour rien qu’en cours de secourisme les formateurs nous avaient dit que souvent le plus dur à gérer n’est pas forcément le patient, mais les personnes qui gravitent autour!

  12. Très drôle, je remercie Jaddo d’avoir twitté ce texte, j’ai beaucoup ri, je fais suivre de ce pas à mes collègues.
    Ayant tout de même une trentaine d’années (bouhhouuuuu-snif !) d’ancienneté de docteur, je trouve que la reconnaissance est une chose qui s’est bien émoussée avec le temps – en proportion inverse du cours du baril de brent, peut-être ?
    Il y a 30 ans, lorsque je tenais la main à un anxieux dans un wagon SNCF je recevais un voyage gratuit autour du monde pour toute ma famille, aujourd’hui lorsque je détourne l’avion et en le pilotant moi-même tout en réanimant le personnel de cabine et en inventant le sérum contre cette nouvelle maladie, je reçois deux mois après un petit mot de remerciements avec la signature photocopiée du secrétaire du sous-directeur du programme de fidélité de la compagnie.

  13. Un grand merci pour ce « retour d’expérience » ! Je suis Commandant de Bord et c’est très intéressant d’avoir ces informations. Le style humoristique fait ressortir d’autant plus le côté surréaliste de la situation.

    Je ne chercherai pas à excuser le comportement de de mes collègues à ton égard pendant ton intervention, c’était peut-être juste pas les plus finauds, ou peut-être n’ont-ils pas mesuré l’état dans lequel tu étais toi même. On passe tout notre temps dans les avions et ce genre de problème se présente malheureusement assez souvent.
    On doit jongler avec beaucoup de paramètres et en particulier l’avis médical. Parfois il n’y en a pas du tout, ce sont les PNC qui avec leur formation de secouriste nous communique les symptômes, parfois c’est un médecin étranger avec une maîtrise de l’anglais toute relative (j’avoue moi même avoir un vocabulaire médical anglais assez restreint) et parfois aussi on a affaire à des mythomanes qui répondent à l’appel médecin (si ! si !) et qui tentent de s’éclater dans un rôle d’improvisation de choix !
    Notre seul recours bien souvent est d’établir une communication radio avec le SAMU à Paris pour avoir un diagnostic à partir des infos que nous donne les PNC et de prendre une décision de dérouter ou non à partir de ça (!)

    Et puis ce n’est pas parce qu’un passager est malade à bord, même gravement, que les autres passagers deviennent d’un seul coup très calmes et coopératifs.
    Si une décision de déroutement est prise car le pronostic vital est en jeu, il n’est pas rare que certains deviennent agressifs et menaçants.

    En tout cas merci pour ton intervention, merci pour le passager malade bien sûr, mais merci surtout pour l’équipage a qui tu as rendu bien service même s’ils ont manqué un peu de discernement et d’égards pour te le montrer.

    • Merci pour ce commentaire qui me va droit au coeur.
      Effectivement plusieurs passagers sont venus me voir pendant le vol pour me demander, pas forcément gentiment, de ne pas dérouter l’avion parce que ça allait occasionner du retard et que ça les arrangeait pas… Disons que ça m’a laissé très perplexe sur la nature humaine!
      Quand au fait que des gens puissent se faire passer pour des médecins dans ce genre de situation, c’est carrément hors du cadre de ce que je pouvais imaginer!

      • Il y a des gens qui sont venus te mettre des coups de pression??? Damned, je suis choquée quoi. Il y a déjà bien assez de paramètres à prendre en compte pour ne pas EN PLUS contenter les témoins!
        La responsabilité de détourner un avion est très difficile à prendre. D’ailleurs, à ce moment, le pilote, très habitué et formé à prendre des décisions rapides et hautement responsables pour la vie des gens, la partage avec toi!
        Grrr, ça me fache!

  14. Très drôle et enlevé! Et surtout, il faut continuer à écrire d’autres billets du même tonneau, tu as du talent! En tout cas, pour ma part, j’ai très envie de te (re)lire!

  15. Personne n’est « choqué » qu’une médecin , en vacances , qui plus est en voyage de noce ( plus beau jour de notre vie souvent) , se voit « gâché » le début de cette période merveilleuse.
    Je ne conteste pas le concept de non assistance à personne en danger , juste le fait que parce que nous avons un diplôme de médecin, nous n’ayons pas le droit à une vie privée comme tout le monde, des périodes où on décroche complètement, comme tout le monde.
    Quelle profession peut se targuer de devoir travailler , avec le niveau de stress qui est le notre , à tout moment.
    Cela parait tellement naturel, apparemment à tout le monde que je me demande si je suis « normal » pour ne pas trouver cela naturel.

    • Cossino, il est bien possible que tu sois en effet le seul à être choqué de cette situation. D’abord parce que notre boutonnologue nous raconte l’histoire avec tellement d’humour que la priorité est d’en rire (même si comme d’autres j’aimerais bien savoir ce qu’il avait, en fin de compte, le patient !). Mais également parce que ta réaction pointe une tension inhérente au statut social actuel de notre profession. Nous ne faisons pas « n’importe quel » métier : nous ne réparons pas une machine qui cloche, nous sommes interpellés chaque fois que l’intégrité d’un être humain est en péril. Hors comme l’être humain a dans notre philosophie un statut à part, notre action est également distincte de la plupart des autres activités humaines. Il est donc généralement considéré comme normal que notre vie privée laisse la place lorsqu’il y a péril à notre vie publique.
      Mais comme d’un autre côté nous sommes des professionnels et que nous devons tirer notre subsistance de notre métier, nous sommes également considérés comme des prestataires de service. Et c’est là que ça devient choquant, lorsque au lieu d’être « honorés » de notre dévouement, nous sommes traités comme si c’était « naturel » de délivrer nos services.

    • Que de prises de têtes cher Cossino…
      Replacer et Contexte sont deux mots qui iraient bien dans une réponse à votre post.

      L’auteur narre extrêmement bien un épisode de vie. C’est très amusant, très réaliste aussi, forcément subjectif et à prendre avec des pincettes. Je pense que si cette aventure se retrouve dans un blog, c’est qu’elle s’est bien terminée, et que l’auteur en garde un beau et bon souvenir.

      L’ironie de la vie, le côté absurde des choses m’ont bien fait rire. Mais c’est l’humanité de notre blogueuse qui m’a époustouflé.

      Je suis confiant dans la nature humaine et j’espère que toute colère mise de côté, si vous vous retrouvez dans la même situation, vous aurez l’humanité d’être le héros du jour.

      Et le héros du jour ne reçoit pas toujours une récompense, le magnum de champagne et les fleurs à l’arrivée. Un MERCI reste le plus beau des cadeaux parfois. Mais ça ne reste que mon humble avis de lecteur.

      Alors merci…

    • « Quelle profession peut se targuer de devoir travailler , avec le niveau de stress qui est le notre , à tout moment » ?
      —> hmmm, le militaire, par exemple, part « au coup de sifflet » qui peut survenir à tout instant… et pour plusieurs mois. Lui aussi est en mal de reconnaissance, alors qu’il peut aller jusqu’au sacrifice ultime, pour la sécurité de ses compatriotes.

      • Je ne crois que la comparaison puisse s’appliquer aux militaires ?
        En effet, une partie ( petite partie) des militaires risque en effet sa vie , part au coup de sifflet et a un niveau de stress important etc .
        Quid de tous les autres ?
        Par ailleurs , là n’était pas mon propos ;quand le militaire est en permission , il n’intervient pas .
        Or les médecins ( généralistes pour la plupart) sont susceptibles d’avoir ce type d’expérience eux durant leurs congés, pas les militaires

        • Vous connaissez bien mal le métier de ceux qui vous protègent. Je connais peu de camarades qui n’ont jamais fait d’opex au moins une fois dans leur carrière (Afrique, Moyen-Orient…). Même les spécialités « non-combattantes » (transmissions, administratif, etc…) en font régulièrement.
          De plus, le coup de sifflet peut survenir à tout moment, y compris en vacances. Notez que dans ce cas, il ne peut pas se soustraire à son devoir, lui. (l’article ci-dessus laissant planer le doute sur d’éventuels médecins ne désirant pas gâcher leur voyage lorsqu’un problème médical se déclare dans un avion).
          Mais ne vous méprenez pas : je ne me plains pas de cette disponibilité requise par le métier des armes, ni aucun de mes camarades, toutes armées confondues. Si les inconvénients du métier deviennent trop pesants, il vaut mieux changer de métier plutôt que se plaindre…. remarque qui peut aussi s’appliquer à vous ;)
          Cordialement

          • Oh ben normalement on a plus ou moins prêté serment pour pas laisser crever quelqu’un qui aurait besoin de soins médicaux hein ;)

            Pour le reste, d’accord pour dire que d’autres professions peuvent être « dérangées à tout moment », notamment des postes à responsabilité. C’est la vie …

        • Cossino, je crois que tu as de la chance : le ciel vient de t’envoyer un message pour t’aider à changer ta vision du monde. En effet, si tu regardes les informations de ce matin, les militaires même lorsqu’ils sont en retraite ils continuent à sauver des vies ! Et comme le dit très justement Bruno, ils sont encore beaucoup plus mal lotis que nous en terme de reconnaissance.

  16. Boutonnologue tu as une plume en or! On en veut d’autres des billets comme ça! Quelle partie de rigolade, j’ai hoqueté comme une idiote dans le RER en te lisant…. C’est malin!! Ton mari a vraiment regardé 2 fois les Visiteurs en Amérique????

  17. Excellente narration qui comme le souligne qqun plus haut met en relief l’extreme nullitude des équipages COI d’ Air france qui ont trop souvent tendance à prendre leurs passagers pour du bétail .
    Je ne parlerais pas du refuge au crew rest aussitot les prestations jetés aux pax et l’absence totale de service au cours de ces vols de nuit.!
    Cette chef de cabine n’est pas une caricature, ça se passe comme ça chez AF .

    Et au même titre que Marc, notre groupe pourtant bien Français se passe tres bien de cette compagnie pour tous nos longs courriers .

    Je précise à l’intention des proctosyndicalistes corporatistes que je ne suis ni jaloux ni frustré ! Juste honteux de notre compagnie nationale

    Merci encore pour ce récit, tres cordialment .

  18. Une fois, le siège d’à côté est resté vide pendant tout l’embarquement et je priais (c’était avant mon mariage) pour qu’une superbe blonde arrive au dernier moment – et naturellement au dernier moment ils m’y ont amené une sorte de vieux clochard puant, qui a dégueulé pendant une bonne moitié du vol (dans son sac, le mien, puis plein d’autres…).
    C’est vous dire si je compatis !
    Merci pour ce fou-rire matinal !

  19. Admiration et gratitude envers qui sait nous faire rire en relatant une situation qui devait être tout sauf drôle sur le moment. Merci infiniment.
    (et même si le flux de lecteurs sur mon blog n’est plus ce qu’il était, je relaye comme @Jaddo_fr l’a fait)

  20. Encore une raison de préférer le bateau… Sur un ferry de compagnie Irlandaise, je suis intervenue pour débarquer un passager qui avait (pas) joyeusement mélangé ses divers psychotropes et dont le Glasgow aurait sûrement chuté avant Rosslare. Non seulement ils m’ont offert le lunch du lendemain à moi et ma petite famille, mais au retour, ils ont échangé notre modeste cabine contre une à plein d’étoiles et mini bar open. Mes enfants m’ont regardée avec adoration pendant au moins un mois.
    Merci de ce beau moment hilaro-tragico-abdominal.

  21. Air France à la capacité de mettre en relation les occupants de l’avion avec des urgentistes du SAMU formés au « télé-diagnostic » (via téléphone Satellite). Ça marche bien, d’autant mieux que l’interlocuteur à bord à des compétences médicales. Il saura ainsi répondre à des questions techniques sur la qualité du pouls, les sueurs, l’état de la pupille, … Et brosser un tableau qui permettra de poser un diagnostic qui s’avère fiable en général.
    Et le CCO (centre de commandement) possède la liste des capacités médicales des différentes terrains, afin d’éviter de dérouter sur un terrain aéronautiquement accessible mais médicalement inadapté. Toujours sous la responsabilité du CDB.

  22. Oh pitain ça m’est arrivé tout pareil.
    La vieille dame avait une douleur tho fort suspecte.
    Sauf que dans la trousse de secours, il n’y avait AUCUN médicament.
    Et la question a été: vous voulez qu’on se détourne sur Hawaï ou est ce qu’on peut arriver jusqu’à Papeete? (…..)
    J’ai vu passer les fruits frais de la première classe….

  23. OULALA! Comme ça me rappelle une histoire, mais en moins pire…
    Réunion-Paris. Aussi.
    Mais un homme de la 50aine juste « barbouillé », verdâtre. La question du détournement sur le Mozambique (euh… non? ah oui, il reste beaucoup d’heures de vol quand même). La trousse de secours (trèèèèèèèès équipée! Mais ça n’empèche que dans un avion t’entends rien, mais alors rien de rien. Et qu’il n’y a pas d’ECG). Le levage-de-cul-de-mon-siège au DEUXIEME appel (pff, oui, je suis encore en vacances, zut) et le regard noir des gens qui se disent que tu ne t’es pas levée au 1er (pourtant j’avais pas crié je-vais-mourir). Les hotesses qui ne te croient pas quand tu te présentes comme « le médecin à bord », et non, tu n’as pas ta carte sur toi non (même thésée, même déjà remplaçante en MG).
    MAIS j’ai eu du pot: le commandant s’est déplacé lui-même pour venir me voir, et s’est présenté comme le responsable de la formation des hotesses aux 1er secours, étant de formation anesthésiste-réanimateur (recyclé, tiens donc). Il m’a expliqué que si besoin, on avait une ligne directe pour discuter avec le 15 (mais j’ai fait ma fière, j’ai dit que ça craignait rien, hum). Il m’a invitée dans le cockpit où on a bien discuté, et m’a promis de me faire revenir pour l’atterrissage (haaaaaaaaaaaaaaaaaaaa, excitation). J’ai pu retourner dormir, tranquille (j’aime bien l’avion, ça berce).
    SAUF QUE: l’hotesse m’a re-réveillée deux fois, pour me dire que le patient était de nouveau « pas bien », et j’ai bricolé. Mais cette $%&§!@ ne m’a pas prévenue pour l’atterrissage, je cite « vous dormiez, j’osais pas vous réveiller » (haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa, frustration). Le fameux geste commercial, je ne l’ai jamais reçu. Et j’ai paumé les coordonnées perso du pilote-réa. Quelle cruche.

  24. Bonjour,

    et bien, moi je suis fier de toi.
    Cette situation je l’ai vécu trois fois. Bon je n’étais pas en voyage de noce. 40 ans de mariage dans deux mois et plus proche actuellement de la retraite que de mon internat.
    La première fois, sur AF, je revenais de faire mon service militaire en Afrique comme chirurgien, un an et je pensai avoir tout vu, mais l’indigence à l’époque de la trousse de secours (difficile à faire ouvrir), la question tout de suite « on détourne l’avion ? », par contre pas de demande de carte professionnelle (on était en 76 et selon mon épouse quand je prend un certain air, on n’ose rien me demander. ) Une crise de palu avec chute tensionnelle et juste un peu de Solucamphre. Mais comme le disais Ambroise Paré, « je l’ai soigné, Dieu la guéri ».
    Là aussi j’ai connu « la solitude du gardien de but au moment du pénalty », on se sent bien seul malgré tous les regards fixés sur vous.
    Et puis, pas privé de petit déjeuner mais pas de duty free « on est sorti de la zone, vous comprenez  » et oui, si j’avais voulu acheter des cigarettes ou autre chose, il ne fallait pas s’occuper de ce voyageur qui avait choisi de ne pas prendre de Nivaquine. Pas d’atterrissage au poste, ça j’ai regretté.
    Et puis quelques mois plus tard, un livre, que j’ai toujours « Visiter Paris » avec les remerciements d’Air France.
    Les deux autres fois (AF et Pan AM) je ne me suis levé qu’au deuxième appel, alors je n’ai pas eu de cadeau.
    Mais nous (toi comme moi) ne l’avons pas fait pour le cadeau, mais parce qu’il fallait bien que quelqu’un le fasse et qu’à ce moment nous étions les seuls à avoir ces compétences.
    Dans notre métier, les « patients » considèrent que c’est un du, pourquoi pas.
    Mais je suis touché quand (mais cela arrive rarement en France) un patient vient remercier (après une mission chirurgicale au Congo, un patient à qui nous avions mis une prothèse de hanche a fait 1700 km, trois semaines de voyage dans des conditions difficile pour nous dire que tout allait bien).
    Alors je suis fier de toi et j’espère que dans ta salle de garde (si cela existe encore !) on a marqué sur le mur quelque chose dans le style « la boutonologue, pendant son voyage de noce, s’envoie en l’air avec un parfait inconnu, l’avion en a eu des turbulences ».
    Bonne continuation et avec ton don de plume tu devrai pouvoir bientôt voler seule.
    Pour l’anecdote, j’ai épousé une hôtesse de l’air et d’Air France.

    Christian

  25. J’ai lu cet article relayé par le Blog de Hugues Raybaud, à la Réunion…
    Trop trop drôle !
    Un grand moment de solitude, qui parle aux soignants ;-)

    Merci pour ce billet qui redonne le sourire après une journée bien énervante en consultation…

    On a beau aimer ce métier, c’est pas toujours gratifiant ! Mais heureusement il y a des moments qui rattrapent tous les autres !

    Encore merci, et félicitations, pour l’intervention, pour le sang- froid, et pour l’écriture, si fraîche et drôle… Vous deviendriez écrivain sans problème si ça vous tentait ! Ne manquez pas de le faire savoir sur votre blog, que je me réjouis de lire après cette découverte !!!

Répondre à LAU La Annuler la réponse.