Venez comme vous êtes (mais sans votre utérus)

Premier jour de stage, laïus du patron aux internes, l’une de nous est en surnombre pour grossesse :
« Bon, les filles, j’espère que personne ne compte tomber enceinte ce semestre ! »

Je suis PH. Comme chaque année depuis cinq ans, je demande à ma chef de service, l’autorisation UNE fois dans l’année de décaler la visite du mardi de 9h00 à 9h30 pour pouvoir accompagner mes enfants le jour de leur rentrée des classes :
« Euuuh… Oui, oui, si vous y tenez. Mais je ne comprends pas bien pourquoi, ce n’est pas le genre de choses dont votre mari, ou vos parents, pourraient s’occuper ? »
(Ils pourraient oui. J’ai juste envie de le faire moi en fait)

À propos d’une copine CCA en congé maternité :
« Faudrait qu’on profite de son arrêt pour la faire avancer sur l’article là. Elle sera sûrement contente en plus, souvent elles s’ennuient pendant cette période et n’osent pas le dire.

La cadre sage-femme à l’équipe alors que deux d’entre nous sont enceintes :
« Non mais vous savez si ça ne tenait qu’à moi je n’embaucherais que des hommes et puis voilà. »

L’infirmier anesthésiste au bloc, s’adressant à moi (externe) :
« T’as beau être la plus jeune t’as du en voir des kilomètres de bites toi ! »

Ma PUPH qui m’appelle juste après mon accouchement :
« Et surtout pense à mettre à profit cette période pour avancer tes publications et le PHRC aussi. Quand ils sont tout petits c’est parfait, ils ne se rendent compte de rien, que tu sois là ou pas, que ce soit toi ou la nounou qui donne le bain, pour eux c’est pareil. Faut vraiment en profiter. »

Orthophoniste libérale, je reviens juste après mon deuxième congé maternité, un collègue :
« Donc là en fait t’attend déjà le troisième ou t’as pas perdu le dernier ? »

Mon directeur de thèse de science à qui j’annonce que je suis hospitalisée pour menace d’accouchement prématuré :
« Ahh ? Ohhh. Et tu vas pouvoir quand même avancer sur ta thèse ? »

Mon interne s’adressant à moi (externe) :
« De toute façon tu ne pourras jamais être CCA, tu es une fille, tu verras. »

Elève sage-femme, je postule pour des gardes de nuit d’auxiliaire de puériculture en clinique. La cadre :
« Bon, vous venez d’accoucher. Je ne sais pas quand vous allez pondre le prochain, alors ça ne vaut pas le coup de vous embaucher. »

J’ai eu une césarienne pour rupture utérine, il y a exactement dix jours, je bosse mon mémoire de Master 2 avec mon directeur de recherche à l’hôpital, depuis exactement neuf heures :
« Bon, tu me fais peine là, t’es toute blanche, tu te tortilles de douleur sur ton siège depuis tout à l’heure, ça me crispe. Alors fais quelque chose. Monte dans le service, fais-toi refaire un pansement propre, demande un Skénan® et reviens quand ça ira mieux. »

Je reviens de congé maternité après ma grossesse gémellaire, et trouve dans le dossier d’un de mes patients ce courrier signé de mon chef de service :
« Le Dr X vous reprendra en charge quand elle aura fini la période de périnatalité qui entoure la naissance de ses quintuplés »

Externe, je confie à mon chef que je rêve de devenir réanimatrice :
« Humm c’est bien mais pense à te projeter dans dix ans quand t’auras des enfants et qu’il faudra assumer ta vie de mère. »
(Jamais entendu cette remarque faite à un homme qui voudrait être réanimateur et père)

La directrice de la crèche qui m’emploie comme auxiliaire de puériculture :
« Alors vous, faudra revenir pré-ci-sé-ment à la date de fin de votre congé maternité, sinon je ne valide pas vos congés d’été. »

Le doyen de la fac en conseil d’UFR :
« On va leur apprendre à prendre la pilule à ces filles si elles ne savent pas le faire. »

Mon associé à qui j’apprends ma grossesse :
« Ahlala les femmes qui font médecine faudrait vraiment leur ligaturer les trompes dès le début ! »

Elève infirmière, je remonte un patient du bloc par le monte charge des cuisines (qui sent les cuisines donc, enfin le poisson précisément), un médecin monte aussi, regard insistant :
« Humm mais ça sent la petite fille qui se néglige ici ! »

La cadre :
« Pfff, vous auriez pu prévoir pour la gastro de vos enfants parce que là ça nous met dans la merde ! »

Le DRH qui m’embauche comme jeune sage-femme :
« L’autre gros avantage du CDD pour nous, c’est que vous êtes quand même plus réticente à faire des enfants, du coup c’est plus pratique. »

Infirmière, j’appelle pour prévenir que je suis malade :
« Ohhh ça va, avec tous vos enfants vous avez l’habitude d’endurer, du coup je compte sur vous pour bosser quand même ! »

Mon directeur de thèse à l’équipe du labo :
« Bon, profitons que X (moi) soit hospitalisée pour grossesse pathologique pour lui envoyer des data à traiter. Faut qu’elle occupe ses journées. »

Infirmière (et maman de quatre enfants dont des triplés), j’appelle pour prévenir que je suis en arrêt de travail :
« Ahhh non ! Ne me dites pas que vous avez encore une portée dans le ventre ! »
(J’avais une entorse)

Un confrère libéral :
« C’est à cause des femmes si la médecine va mal, parce qu’elles ne veulent pas bosser ni faire des gardes. »

La cadre aux sages-femmes de l’équipe :
« Bon, là vu les difficultés du planning, celle qui m’annonce sa grossesse, je ne la félicite pas. »

PH à temps partiel aux urgences depuis quinze ans, je demande un plein-temps à mon chef de service :
« Mais enfin, pourquoi un plein-temps ? Tu as QUATRE ENFANTS ! »

Mon associé :
« C’est vraiment insupportable de travailler avec des femmes, entre les serviettes hygiéniques qui volent et le fait qu’elles soient tout le temps enceintes… »

Mail du chef du service aux internes en début de semestre :
« Toute interne qui prendrait un congé pour maternité durant ce semestre (quel qu’en soit la durée) verra son semestre invalidé. »

Des collègues généralistes libéraux qui discutent :
« C’est horrible de devoir bosser plus parce que des femmes médecins se sont installées et ne travaillent pas assez »
(Ben je vais partir tu vois)

Le prof de médecine générale qui nous fait cours à la fac sur la démographie médicale :
« Le problème en médecine générale, ce sont les femmes… Euh, je veux dire la féminisation de la profession. »

Annonce pour un poste d’ergothérapeute à l’AP-HP précisant « équipe jeune et dynamique »
J’ai 23 ans, je suis plutôt dynamique, je postule. Le cadre :

« On ne va pas pouvoir retenir votre candidature parce qu’on a déjà trop d’ergo en âge de faire des enfants. En revanche si vous avez des camarades de promo masculins ou des connaissances ergo d’au moins 45 ans, ça m’intéresse. »

Entretien avec ma future chef de service, le Pr Formol, chez qui j’envisage de faire une carrière hospitalière. Sous mes yeux ébahis, elle dessine une frise au crayon à papier qui démarre aujourd’hui et finit huit ans plus tard, elle ne cesse de gommer et refaire tandis qu’un flot ininterrompu de paroles sort de sa bouche :
« Bon alors c’est très bien, vous faites votre 7ème semestre chez moi… Puis votre 8ème où ça ? Tiens ben où vous voulez… Ensuite, bon, vous avez un master ? Oh là là, elle a pas de master, ben ma petite faut en faire un, chez moi tout le monde fait de la recherche ; et puis vous faites un clinicat chez Pustule, il vous dégottera bien un poste, sinon j’irai moi-même lui parler… Et puis ensuite, vous venez chez moi, faire une thèse de science… Qu’est-ce qui vous intéresse ? Evidemment vous n’en savez rien, bon on trouvera bien quelque chose… Et puis après ben faudra que je vous trouve des vacations …
(Han des vacations, j’en rêve Professeur Formol, ça me met des étoiles dans les yeux !)
Ça nous amène donc en 2000-machinchouette… Ah mince, évidemment j’ai oublié, vous voulez des enfants ? Evidemment qu’elle veut des enfants… Moi j’en ai, c’est important… Et vous voulez les faire quand vos enfants ? Vous avez un mari ? Il fait quoi votre mari ? Chirurgien ?!? Ben ça va pas être simple la vie pour vous… Vous savez pas quand vous voulez les faire ? Et vous en voulez combien ? Au moins deux ? Bon, ben (elle prend son stylo) on va en caser un là (elle fait une croix sur la frise après l’internat) et un là (deuxième croix, après le clinicat) c’est là que ce sera le moins gênant… Bon, ben parfait, je vous dis au 2 Novembre ! »

Alors que je propose de prendre des gardes uniquement les vendredis soirs afin de ne pas gêner le fonctionnement du service avec le repos de sécurité. Le directeur de l’hôpital me répond : 
« Ah mais dans ce cas, pensez vous que vous serez en mesure le samedi d’assurer vos fonctions familiales ??? »

Alors que je viens d’accoucher prématurément à 7 mois, mon vieux PH :
« Aahhhh, tu viens d’accoucher ? Mais alors, tu ne pourras pas assurer la présentation de ton poster dans dix jours ! Il faut que je le fasse ? Bon, tu fais au moins le poster, hein ???? »
(Et je l’ai fait le poster, pendant que mon fils était transféré en soins intensifs dans un autre hôpital)

Mon associé :
« Oh mais tu sais, ça ne me dérange pas si tu viens faire les consultations avec ton bébé à sa naissance. »
(Mais moi si en fait)

Interne, enceinte. Organisation de mon stage en surnombre, je vais faire un mois et demi avant le congé maternité et un mois et demi après, dans deux services différents. J’appelle ChefDeService1 pour l’organisation :
« Je me demande si je préfère vous avoir quand vous pourrez plus vous traîner ou quand vous aurez votre môme qui ne fera pas ses nuits. »

Le chef de service :
« Il faut que tu arrêtes de raconter partout que je t’interdis de tomber enceinte. Il faut juste que tu choisisses AVANT ou APRÈS ton clinicat. »

Infirmière dans un service lourd où nous ne sommes que deux pour mobiliser les patients grabataires. J’entame ma deuxième grossesse. Ma cadre :
« Faut que tu tiennes jusqu’à telle date, après c’est bon. »

Interne, après mon mariage, un de mes chefs me dit :
« Félicitations, et surtout tu attends d’avoir validé la maquette comme tout le monde pour tomber enceinte hein ? Pas de suite, dans un an. »
Trois mois plus tard, idiote que je suis, je tombe enceinte :
« Finalement, comme tu es enceinte, on a réfléchi, tu feras ton stage dans un an en périph, c’est à deux heures de Toulouse, le bébé aura 9 mois ça sera parfait, tu feras des gardes aux urg-SMUR de 24h, ça sera mieux pour t’organiser. »

PH en pédiatrie, j’annonce ma deuxième grossesse au chef de service :
« Encore ?! Bon, félicitations, mais ça na va pas nous arranger… Tu t’arrêtes quand ? Bon, au moins tu seras rentrée pour les prochains congés d’été… »

Le chef de service, juste avant le début de mon clinicat :
« On fait quoi, je te mets un stérilet avec les dents ou je te donne la pilule tous les matins en arrivant ? »
(Sur le ton de l’humour évidemment… hahaha… LOL)

Je viens me présenter à mon futur chef de service, quelques jours avant le début du stage :
« Ah et donc vous êtes enceinte ? Pfff yen a marre des femmes enceintes ! Vous vous barrez au bout de deux mois, après comment je fais tourner mon service ?!
– Oui je sais monsieur, j’ai fait une demande de poste en surnombre qui m’a été refusée. J’ai bien été obligée de choisir un stage.
– Et pourquoi vous avez pas pris une dispo ?!
– J’ai un loyer à payer monsieur.
– Grblmmbl. »
(Je suis partie en pleurant)

Sage femme libérale, message laissé par un gynécologue-obstétricien sur le répondeur du cabinet :
« Ahhh grmpfff évidemment vous ne travaillez pas le mercredi, j’aurais dû m’en douter… »

Un co-interne :
« Ohhh ben c’est un peu facile. Voilà, moi aussi, on a qu’à dire que je suis enceint et hop, moi aussi je suis dispensé de garde ! »

Et parce que les temps changent plus vite que les mentalités, et que le sexisme est partout, un témoignage d’homme :
Médecin, ma femme vient d’accoucher. Je reviens dans le service après avoir pris mon congé de paternité. À mon retour, mon chef de service :
« Mais je ne comprends pas… C’est votre femme ou vous qui avez accouché ? »

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Si vous en revoulez, y en re-a : quelques tranches supplémentaires de sexisme dans le domaine du soin chez Alice, Christine (Gélule), Docmamz et Dr Kalee.
Ont également collaboré à la rédaction de ce billet : Amandine, Arkela, Asadoc, Caroline, Cochran Doc’ Cleo, Docteur Bobo, DocTocTocFluorette, Jallora, Jolifantome, LBeu, LeBagage, Leeloo, Ludo et Marjo, Misu Neko, MamanDeQuatre, Monosynaptik, Myrtille, NiSniF, Paul, PneumoJu, Psydoc, Qratu, Quitou, Severinou91, Stephaouetoscope, Totomathon, Une pédiatre, Vic, Yagelt.

Le 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes.

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38 réflexions sur “Venez comme vous êtes (mais sans votre utérus)

  1. Trop entendu, hélas.
    Et quand on est FEMME et NOIRE, on atteint le summum dans l’abjection, j’ai testé pour vous. Première grossesse à 30 ans : « Enceinte ? Vous pouviez pas attendre ? Mais c’est vrai que les Noires sont très, voire trop fertiles ». Dixit LA chef de se(r)vice. Ad nauséum.
    J’ai quitté le milieu hospitalier en claquant la porte quand, après ma 12ème nuit de garde d’affilée – je vous parle d’un temps où le repos compensateur n’existait pas – j’ai demandé une nuit de repos avant d’attaquer une autre série de gardes et on m’a répondu : « Vous les femmes vous savez pas ce que vous voulez. Vous voulez prendre le boulot des mecs mais dès qu’il faut bosser, il y’a plus personne »

  2. Oh j’en ai entendues des remarques sexistes ! Certaines s’approchant de ce qui a été relaté ici.
    Quand même, voici ce qui m’a le plus marqué :

    – l’impact sur la formation :
    Si l’interne était un mec, l’externe que j’étais pouvait le suivre partout / allait au bloc / faisait des trucs intéressants / apprenait +++… pendant que mon co-externe Louis poireautait je-sais-pas-où. Et quand j’ai dit « Nan, j’irai pas sans Louis », devinez ? « Ouais, nan bah dans ce cas… … … … ». Et on s’est ennuyés tous les deux. A de nombreuses reprises.

    – le regard des autres nanas :
    certaines phrases de la sélection viennent de femmes. Je dis pas que c’est pire, mais ça me désespère plus en mode on-n’est-pas-sorti(e)s-de-l’auberge. Une consoeur avec qui je travaillais en Centre de santé, en salariat m’a dit alors qu’on discutait de nos payes : « Je vois pas pourquoi les femmes seraient aussi bien payées que les hommes puisqu’elles ont la possibilité d’avoir un congé maternité et pas eux ! C’est normal, du coup. »

    – le regard des patients :
    Je sais que c’est différent et qu’on parle à nouveau de quelque chose de sociétal plus que de quelque chose inhérent au milieu médical, mais tout de même, le fait que quelque soit ton âge on pense immédiatement que tu es la secrétaire (« Bah, il est où le Docteur ??? »), mais que ton collègue homme, qu’il soit externe, kiné, cuisinier ou effectivement médecin se fasse appeler Docteur dès l’instant où il porte une blouse, ça joue forcément sur notre image de nous.

    Car oui, combien d’entre nous (et j’en fais partie, le « Nan, j’irai pas sans Louis » ne s’est pas fait à la première garde) ont subi sans rien dire ? Commençons par intégrer, au fond de nous-même à quel point ce N’est PAS normal, puis revendiquons nos droits à notre propre échelle. Alors, merci à la @boutonnologue (et à ses deux acolytes) de nous aider par cette compilation à nous insurger et à rester éveillées à tout ça !!! (Et désolée de ne participer que par commentaire.)

  3. L’anecdote de l’ascenseur fait remonter des souvenirs. Combien de copines m’ont raconté avoir été bloquées dans un ascenseur avec un chef qui essayait de leur « voler un baiser » (spoiler : en fait ça s’appelle du harcèlement sexuel connard).

    L’une d’entre elle s’est même fait emmerder dans un hôtel au cours d’un congrès international. Elle se retrouve dans l’ascenseur avec un PUPH parisien renommé :
     » Vous montez à quel étage ?
    – Comme vous mademoiselle. »
    Arrivés au fameux étage, il la suit, jusque devant la porte de sa chambre, et se plante derrière elle quand elle sort sa clef pour l’ouvrir. C’est à ce moment-là qu’elle comprend la situation, alors qu’elle pensait candidement jusque là « Oh bah tiens on est dans des chambres voisines dis-donc. »
    Elle l’a dégagé sans ménagement.

  4. Pour les hommes: quand j’étais interne de neurochir, j’ai pris une garde à j2 de la naissance de ma fille et je dormais (ou plutôt je m’allongeais 10 minutes) à la mater parce que mes gentils co-internes ne voulaient pas me reprendre ma garde.

  5. Pharmacien adjoint, travaille depuis 3 ans dans la pharma, dont 1 avec cette titulaire.
    Première grossesse, Hyperemesis Gravidarum :
    -vomissements H24,
    -perte de 10kilos en 1 mois
    et je vais travailler quand même, je vomis entre 2 ordos…
    ma titulaire, mère de famille :
    « moi, j’ai plus de force de caractère »
    « quand j’ai un pb, je prends sur moi »….
    Et à mon retour de congé mater, plus personne ne m’adresse la parole, pas d’accès aux patients sauf urgence, emploi du temps modifié : je fais les poussières…
    Tout ça pour dire que le pire sexisme peut aussi venir des femmes elles-mêmes.

  6. Au moins les « brèves de comptoir » c’est marrant », mais là ! Une thèse de psycho sur « les différentes déclinaisons de la connerie selon les catégories socio-professionnelles », ça pourrait être intéressant.

  7. Oups! quand on pense que les remarques (réflexions? commentaires? ….les mots me manquent)…viennent de femmes ou d’hommes….ça me laisse songeuse…..mais surtout ça confirme finalement que la connerie n’a pas d’âge, pas de couleur, pas de catégorie SP….et PAS DE SEXE!!!!!!

  8. Et ce n’est pas comme si s’expatrier changeait les choses : un exemple en Australie
    « What I tell my trainees is that, if you are approached for sex, probably the safest thing to do in terms of your career is to comply with the request; the worst thing you can possibly do is to complain (…) because then (…) you can be sure that you will never be appointed to a major public hospital. »
    Voilà voilà.
    http://www.smh.com.au/national/senior-female-surgeon-urges-trainees-to-stay-silent-on-sex-abuse-in-hospitals-20150307-13xusq.html

  9. Cabinet de 6 MG hommes cherchant une femme MG il y a quelques années : »pour compléter, parce qu’elle fera la pédiatrie la gynéco les trucs de filles tout ça mais on ne veut pas d’une fille qui fasse des horaires de gonzesse, le mieux se serait qu’elle soir moche : pas de mec pas d’enfants ! – gros rire gras –  » ; bizarrement je ne les ai jamais rappelés.

  10. Médecin homme et papa, je peux confirmer que certaines des propositions sont symétriques :
    – Comment ça tu ne peux pas faire la garde parce que ta femme est hospitalisée? Tu peux pas prendre une nounou comme tout le monde?
    – Tu vas chercher tes gosses à l’école? T’as pas une femme?
    – Un congé paternité? N’importe quoi : j’espère bien qu’aucun d’entre vous ne le prendra.
    – Tu dois choisir : soit tu fais des gosses soit tu fais carrière mais pas les deux.
    – De toute manière les gosses n’ont pas besoin d’un père.
    Etc.

    • Exact, dans une société sexiste, il n’y a malheureusement pas de raison que les différents corps de métiers ne le soient pas. On a parlé de ce qu’on connaît, et si on avait bien conscience de ne pas être plus vertueux que la moyenne on savait aussi qu’on n’était pas une exception.

  11. Merci pour ces brèves fort instructives, et qui tombent à point pour la journée de la femme. De mon point de vue, ces manifestations sexistes sont des archaïsmes qui font honte à notre civilisation, et dont j’espère qu’ils vont disparaître en quelques générations.
    J’aimerais néanmoins discuter d’un point qui me pose question (ça veut dire que je n’ai pas de réponse définitive dans ma tête, je suis curieux de savoir ce que chacune en pense) : concernant les grossesses, est-il possible de prendre en compte également le point de vue des personnes qui doivent organiser un service et à ce titre sont handicapées dans cette gestion par les congés maternités ?
    J’ai l’impression que là aussi, nous sommes face à un archaïsme : durant longtemps, l’humanité a vécu sous la menace d’une disparition par manque d’individus, ce qui justifiait que les femmes soient encouragées à « perpétuer l’espèce ». Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, il me semble que nous sommes plus menacés par la surpopulation que par la sous-population. Dans ce contexte, est-ce qu’on pourrait considérer que le fait d’avoir des enfants ne soit pas un service rendu à l’espèce qui justifie compensation, mais plutôt un choix personnel, tout à fait respectable et digne de considération ?

    • @blueharp il faudrait déjà supprimer la retraite par répartition alors que la solidarité des jeunes à venir n’aurait pas de raison d’être face à cette pléthore de vieux qui ne veulent pas d’eux :)

    • C’est un peu plus complexe, le nombre d’humains est certes en train de croître mais ça cache de grandes disparités géographiques, les pyramides des âges dans les different pays et continents ne sont pas indépendantes de multiples facteurs sociaux-économiques (j’enfonce des portes ouvertes).
      On est encore très loin de décisions prises à l’échelle du Monde pour le bien commun, en terme d’écologie et de ressources. En attendant, localement, le contexte économique européen pousse plutôt à encourager les naissances et renouveler les populations.

    • @bluerhap
      Euh…. Les personnels chargés des plannings seraient « handicapés » par les congés maternité à remplacer!!! C’est juste leur boulot, de trouver à remplacer les congés maternité, mais aussi les congés maladies, les contraintes des uns et des autres, dans toutes les entreprises!! Ce n’est pas forcément marrant ou facile, mais c’est leur boulot. Souvent mieux payé d’ailleurs que les salariés de base. Mais le management actuel, privé comme public, tend effectivement à culpabiliser le salarié qui a tellement de droits et si peu de devoirs. Et je trouve incroyable que les femmes continuent de se laisser impressionner par des chefs aussi cons ou connes. D’ailleurs, petite réflexion, comme ça en passant. Il me semblait que dans toutes les professions hospitalières, les femmes sont maintenant majoritaire… A vous de changer les choses !

      • Bien d’accord avec vous Flora, et personnellement, je pense que la première chose que pourraient commencer à faire les femmes, c’est de conserver leur nom de famille, plutôt que d’y renoncer au profit de leur « légitime seigneur et maître » !

        • C’est un problème de société. J’ai gardé mon nom. D’une part, je me prends régulièrement des réflexions. D’autre part, les courriers concernant mon entreprise arrivent au nom de mon mari, qui lui est salarié d’une autre entreprise. Pour l’administration, la banque, etc, je n’existe pas seule. Et quand je râle, on me répond que « les logiciels ne sont pas fait pour ce cas-là ». Ce n’est pas un cas, c’est la loi française qui date de la révolution : la femme garde à vie son nom.

    • CCA : Chef de Clinique Assistant (jeune docteur, le surchef direct des internes)
      PH : Praticien Hospitalier (médecin hospitalier titulaire)
      PUPH : Professeur des Universités – Praticien Hospitalier (prof)
      UFR : Unité de Formation et de Recherche (la fac quoi)

      Les autres normalement c’est bon (CDD, LOL… ;-)

  12. « Je reviens de congé maternité après ma grossesse gémellaire, et trouve dans le dossier d’un de mes patients ce courrier signé de mon chef de service :
    « Le Dr X vous reprendra en charge quand elle aura fini la période de périnatalité qui entoure la naissance de ses quintuplés » »

    J’avoue celui-la je l’ai trouvé rigolo :D

  13. J’avoue que je n’ai jamais vécu autant de situations sexistes durant mon internat.
    Quand j’étais en Master 2 recherche, mon maître de stage (qui est ensuite devenu chef) félicitait toutes les femmes enceintes avec véhémence et nous respectait toutes.
    Par contre, toutes ces réflexions, faut pas les prendre pour soi (autant que faire se peut). Ca n’est jamais que l’ignorance de la personne qui ressort, et ça ne sert à rien à mon avis de lui « faire comprendre » en discutant avec elle, sinon perdre votre énergie pour rien…
    Une fois et une fois seulement, j’ai vu un chef dire qu’il ne voulait pas que son assistante tombe enceinte avant 2 ans au moins, et faire des blagues dessus (du style, « je vais lui poser une plaquette de pilules sur son bureau », etc.) ; il lui avait meme fait promettre avant de l’engager (moi je n’aurais jamais promis, même si je ne voulais pas d’enfant à l’époque !) ! Mais l’assistante en question n’a attendu qu’un an, par contre je n’ai pas entendu dire qu’il l’avait faite chier avec ça.

    D’accord avec le fait que les femmes elles-mêmes se sont tellement mises dans le moule machiste pour réussir, qu’elles ne se rendent même plus compte de ce qu’elles disent !

    Et sinon venez bosser après votre clinicat dans les périphériques, là vous serez accueillis à bras ouverts et tout le monde sera content que vous fassiez des enfants car cela signifiera que vous comptez rester dans la région !!! (c’est ce que j’ai fait)

    Petit rappel pour les cadres : n’oubliez pas de leur dire que 3 mois de congé mater, c’est rien dans une vie. 1 an pour burn out, harcèlement moral, dépression, c’est pire… elles comprendront votre allusion…

  14. En 1ère année de médecine pendant que je travaillais dans le bureau de mon père (médecin à l’hôpital), le chef de service entre :
    -Ah tu vas bien Clara ? Pas trop dur la PACES ?
    -Ça va je tiens le coup.
    -Et oui il faut hein. Tu travailles sur quoi là ?
    -Le développement du foetus entre 0 et 4 mois.
    -Ah tiens, je savais pas qu’ils vous faisaient des cours là-dessus dès la première année. Remarque, c’est bien pour les filles !
    -…
    -Allez, à bientôt !
    -…

  15. Reflexions d’un grand neuro chirurgien chef de service et agrégé , au sujet de l’organisation de son service aprés l’annonce d’une grossesse :  » les femmes enceintes c’ est comme les vieilles voitures ça tombent souvent en panne »

  16. Discussion de 2 agrégés de médecine ,à table ,au sujet du recrutement d’un thésard : j’ ai vu 3 candidates. La première superbe mais t’imagines tous les mecs vont la draguer et elle va mettre la pagaille dans le labo. La deuxième elle vient juste de se marier donc 2 ou 3 gosses dans les années à venir et la dernière un vrai boudin là y a pas de risques , elle va faire que bosser.

  17. Au concours de PH (jury de 3 hommes) :
    j’avais préparé une présentation sur mes projets de recherche et mes projets dans le service…mais la question a été : « mais comment vous allez faire pour travailler en réanimation avec 2 enafnts ?  » ben, de la même façon qu’en étant CCA…
    et ils m’ont mis une sale note…

  18. message d’espoir…..
    On me promet un poste de CCA, j’ai une date de début de grossesse 3 jours après (…), J’annonce ma grossesse à mon futur PU 1 mois après.
    Sa réaction a été: « mais c’est un super nouvelle, tu as 30 ans, félicitation. Merci de me le dire, nous allons pouvoir nous organiser. »
    (et après une grossesse très compliquée entre autre, il ne m’a pas laissé reprendre de garde malgré un planning tendu « s’il faut que j’en prenne plus, j’en prendrais plus, on se débrouille sans toi »)

    • Donc oui en effet une grossesse nécessite que quelqu’un d’autre fasse le travail.. Pourquoi le nier constamment ? Je ne vois pas en quoi c’est un message d’espoir, certes vous avez disposé de temps, mais cela prouve bien qu’une femme enceinte est un problème dans le monde du travail…
      Je trouve ça un peu mal placé de reprocher aux gens de prévoir en fonction et d’effectivement ne pas apprécier travailler avec une femme enceinte…

      Je dois être trop carriériste ou pas assez maternelle dans l’âme… J’ai hâte de profiter de tous ces préjugés auxquels mes comparses féminines font en effet honneur…

  19. J’ai 29 ans. Ingénieure. Je suis enceinte et arrêtee 6 semaines pour nausees gravidiques avec hôpital and co. Je reviens, je suis affaiblie (moins 12kg, plus pâle tu meurs, on voit sans hésiter que je n’étais pas parties aux Seychelles) mais prête à bosser et à tout faire pour faire oublier ma grossesse.

    Manager 1, un homme : « tu aurais quand pu me prévenir de tes projets de grossesse ? Ça tombe TRÈS mal ! MAIS comment on va faire ??? « . [je ne me pensais pas si indispensable].

    Il me retire des projets : « nan mais comme tu pars dans 6 mois c’est plus la peine de venir aux réunions ».

    Je vais voir la n+2, une femme, mère de 3 enfants, pour me justifier de mon arrêt (c’était une erreur) et dénoncer cette mise à l’écart. Réponse implacable : « oui enfin bon vous n’êtes pas la première à avoir des nausées. Si tout le monde faisait comme vous ».

    Fin de non recevoir.

    Chialer dans les toilettes et se relever digne et pro (en ruminant une vengeance fictive).

    La plus dure des deux etait en fait une femme.

  20. les filles, je comprends la peur des rétributions, malheureusement réelle, ma femme et mes collègues subissent la même chose. mais je pense qu’il faut publier les vrais noms des gens qui ont dit ça. ces mecs n’ont peur de rien ni personne. Montrons leur vrais visages au grand jour et regardez les paniquer. faute d’être jamais critiqués ils ne savent absolument pas se défendre et ne font que s’enfoncer.
    qu’ils aient un peu peur la prochaine qu’ils disent des énormités

  21. Une de plus pour la route:
    moi interne, a table, ma PH raconte son weekend où elle a fait connaissance de son neveu né il y a dix jours, elle montre des photos. Réflexion du chef de service :  » eh bien j’espère que ça ne va pas vous donner des idées »

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